Si « Black coffee » tire son titre et
l’inspiration de la première scène de la chanson éponyme interprétée par Peggy
Lee, « White coffee » est séquencé en six parties, chacune étant
attachée à une chanson. Ces chansons font également référence à l’évolution des
saisons puisque le roman commence en juillet
pour se terminer au printemps.
L’idée, pour une lecture idéale du roman, serait de
commencer la partie à lire en écoutant la chanson qui s’y rattache, pour se
mettre dans « l’ambiance ».
Si ces chansons ont trouvé leur place logique dans le livre,
cela n’a pas été le cas tout de suite. Je pensais d’ailleurs articuler tout le
manuscrit autour d’une seule d’entre elle « It might as well be spring ».
Cependant, assez vite, par l’ampleur du manuscrit et le choix d'une écriture
chorale, un autre découpage du roman s’est imposé. Et c’est
Summertime qui ouvre finalement le livre.
La deuxième partie de "White coffee" s’ouvre sur les paroles de
The things we did last summer : « The bell I rang to
prove that I was strong, The thing we did last summer, I’ll remember all winter
long ». Elles s’appliquent à un personnage dont je ne peux révéler
l’identité puisqu’il est au cœur du mystère de Chautauqua Institution. On peut
aussi comprendre dans « ces choses faites l’été dernier » la rencontre
de Desmond et de Lola, et leur attachement à ce souvenir qui leur permet de
tenir bon dans l’éloignement et les difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Cette version chantée par Dean Martin est un pur enchantement,
non ?
« To every word of love I heard you whisper, the
raindrops seemed to play our sweet refrain » : ainsi s’ouvre la
troisième partie du roman. Il y est question de sentiments amoureux, de
fidélité, de tentation (comme lorsque le shérif Mike Kirby se tâte pour savoir s’il osera
s’aventurer à fricoter avec la veuve d’un tueur en série). Oser croire à la
force d’un sentiment pour l’autre, prendre le risque de s’y abandonner est un
autre thème fort du roman, et le questionnement majeur de Desmond. Les gouttes
de pluie sont aussi, bien sûr, les larmes versées ou retenues sur les drames
survenus ici.
When october goes par Nancy Wilson est dans
doute la plus triste et la plus émouvante chanson du roman.
Les paroles mises en exergues « And when october goes,
the snow begins to fly » de cette quatrième partie sont l’annoncent de
sombres moments à venir, d’une menace contenue dans un tout petit flocon de
neige qui danse encore, insouciant, dans le ciel.
Les paroles sont de Johnny Mercer. Mises en musique avec
beaucoup de justesse par Barry Manilow, elles disent, en réalité, les regrets
d’un homme qui se sait proche de la mort (J. Mercer les a écrites se sachant
atteint du cancer). Quel que soit l’origine du mal qui les détruit (maladie,
remord, actions passées ou présentes), celui-ci ronge plusieurs de mes
personnages, dont celui que pourchasse Desmond dans cette partie du roman.
It might as well be spring arrive donc en cinquième
partie du livre, justifiant sa place par cet extrait en exergue :
« I keep wishing I were somewhere else, Walking down a
strange new street, hearing words I have never heard, from a man I’ve yet to
meet. »
Il s’applique aussi bien à cet homme dont Desmond va changer
le destin, et à Pierre, toujours sous l’influence de David Owens, dont la vie
va basculer tragiquement, à Gaston qui va vivre un moment terrible de doute, de
solitude, de souffrance, et à Desmond lui-même, confronté à une épreuve qui lui
permettra enfin de comprendre où est sa place, quel homme il est appelé à être.
La version originale de la chanson est tirée du film STATE FAIRE (1945) |
Pour finir le roman, le choix de Sometimes it snows in April s’est imposé pour deux raisons : la première, le livre est
dédié à April S. , la jeune femme disparue dans le désert d’Amboy. La seconde,
Prince est décédé alors que j’achevais l’écriture des dernières pages du roman.
Il est venu y prendre sa place, avec ce talent infini et sa grande fragilité, et
offrir à « White coffee » la juste note finale.
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